L’utilisation inconsidérée et excessive d’antibiotiques en médecine vétérinaire présente un risque pour la santé publique et la santé animale car elle favorise l’apparition de souches de bactéries résistantes. Afin de favoriser un usage pertinent et raisonnable de ces médicaments et de sensibiliser les professionnels du secteur vétérinaire à cette problématique, l’afmps collabore avec l’université de Gand pour suivre de près les chiffres de consommation des antibiotiques dans le secteur vétérinaire à partir des chiffres de distribution. Le cinquième rapport BelVet-Sac (Belgian Veterinary Surveillance of Antibiotic Consumption) est maintenant disponible.
En Belgique, depuis 2009, l’utilisation d’antibiotiques chez les animaux est suivie et un rapport BelVetSAC (Belgian Veterinary Surveillance on Antimicrobial Consumption) est publié annuellement.
Le cinquième rapport, faisant état, entre autres, des chiffres de vente d’antibactériens à des pharmaciens ou vétérinaires belges pour l’année 2013, a récemment été finalisé. Celui-ci reprend également les chiffres concernant les prémélanges médicamenteux incorporés dans les aliments pour animaux et vendus aux éleveurs. Il s’agit donc de l’utilisation totale d’antibiotiques, aussi bien chez les animaux d’élevage que chez les animaux de compagnie. En outre, la consommation est estimée en fonction des kilogrammes de viande de porc, de volaille et de bœuf produits annuellement, en prenant aussi en compte le nombre de vaches laitières présentes.
La consommation totale d’antibiotiques en médecine vétérinaire, exprimée en tonnes de substance active, a baissé de 6,6 % entre 2012 et 2013 (277 850,3 kg en 2012 ; 266 215,4 kg en 2013). Cela indique une nette diminution pour la deuxième année consécutive. La biomasse totale produite en Belgique en 2013 a très légèrement baissé par rapport à 2012 (-0,3%). Cette diminution exprimée en chiffres absolus se traduit par une baisse de 6,3 % si la consommation est exprimée en mg de substance active par kg de biomasse produite. Au cours des deux dernières années, une réduction totale de 10,5 % a été réalisée.
Contrairement à l’an dernier, l’utilisation des antibiotiques « critiques » en médecine humaine, comme les fluoroquinolones, a également baissé considérablement (-17,4 %). Pour les macrolides aussi, on constate une tendance à la baisse. L’utilisation des nouvelles générations de céphalosporines se stabilise.
Des mesures sont prises à différents niveaux dans le but de réduire davantage l’utilisation des antibiotiques. L’Agence européenne des médicaments (European Medicines Agency, EMA) a ainsi élaboré, pour certaines classes d’antibactériens, à savoir les fluoroquinolones et les céphalosporines, des lignes de conduite en vue d’harmoniser les notices recommandant l’utilisation responsable de ces médicaments, notamment par l’exécution préalable de tests de sensibilité du germe causal. Aussi, l’utilisation exclusivement préventive n’est plus acceptée.
Au niveau belge et depuis 2012, en plus de rédiger des vade-mecum, l’a.s.b.l. AMCRA (Antimicrobial Consumption & Resistance in Animals) prend d’importantes initiatives quant à la sensibilisation et à l’élaboration de guides relatifs aux bonnes pratiques de gestion dans le secteur de l’élevage préconisant une utilisation responsable des antibiotiques.
Les secteurs doivent mettre ces guides en pratique afin de permettre une nouvelle réduction de l’utilisation des antibiotiques. Cela doit principalement se faire via la maîtrise des germes dans l’environnement (les étables) des animaux. Dans le cadre d’un traitement, il est important de suivre les recommandations des notices et, le cas échéant, d’effectuer des tests de sensibilité.
A l’avenir, l’utilisation des antibiotiques deviendra aussi plus transparente grâce au lancement d’un système de données géré de façon centralisée qui permettra d’analyser les pratiques de prescription des vétérinaires et l’utilisation par l’éleveur selon des normes spécifiques. De telles données permettront d’étayer des objectifs réalistes pour une utilisation correcte des antibiotiques.
Les résultats de 2013 concernant l’utilisation des antibiotiques chez les animaux confirment la tendance à la baisse amorcée en 2012. Cependant, il ne faut pas relâcher les efforts relatifs à la sensibilisation et la guidance des vétérinaires et des exploitations d’élevage. Au contraire, lorsque l’on compare les diminutions constatées aux diminutions observées dans les Etats membres voisins ayant le même type d’élevage, il est clair que les efforts doivent être davantage intensifiés.
Des réglementations additionnelles, entre autres pour la mise en place d’un système de collecte des données, doivent avoir un effet moteur. Depuis juin 2014, une taxe est imposée aux titulaires d’enregistrements d’antibactériens vétérinaires. Celle-ci doit contribuer au financement d’un tel système.
Contact: infovet@afmps.be