Collaboration contre la résistance aux antimicrobiens : l’AFMPS prend des mesures efficaces pour l’homme, l’animal et l’environnement

Date: 17/11/2023

La Semaine mondiale de sensibilisation pour un usage prudent des antibiotiques se tiendra du 18 au 24 novembre 2023. L’AFMPS dresse une liste de mesures récentes et futures. La délivrance d’antibiotiques dans les pharmacies se limitera à la quantité exacte prescrite par le médecin. L’AFMPS élabore également une liste de médicaments antimicrobiens considérés comme essentiels pour le traitement des patients belges. En outre, à partir de septembre 2024, il sera obligatoire de réaliser un antibiogramme pour chaque animal préalablement à l’administration d’un antibiotique critique.

La résistance aux antibiotiques est une des plus importantes menaces pour la santé publique. Chaque année, en Europe, plus de 35 000 personnes décèdent des suites de maladies provoquées par des micro-organismes (comme des bactéries) résistant aux médicaments (comme les antibiotiques). En Belgique, l’AFMPS, en collaboration avec plusieurs autorités belges, a mis au point un plan d’action national (NAP-AMR). Ce plan contient différentes actions visant à prendre cette problématique à bras-le-corps.

Limiter la mauvaise utilisation d’antibiotiques

En Belgique, la taille du conditionnement des antibiotiques vendus dans les officines pharmaceutiques ouvertes au public est souvent supérieure au format défini dans les recommandations. Les patients reçoivent donc souvent plus d’antibiotiques que nécessaire pour leur traitement, ce qui augmente le risque de « fonds de boîtes » dans la pharmacie familiale et, par conséquent, le risque d’automédication. Cela explique en partie pourquoi, dans les soins ambulatoires, nous utilisons davantage d’antibiotiques que la moyenne européenne (surtout en médecine générale).

Dans un souci de réduire la surconsommation d’antibiotiques dans les soins ambulatoires, l’AFMPS collabore avec le SPF Santé publique et l’INAMI pour mettre à disposition dans les pharmacies la quantité exacte d’antibiotiques prescrits. En délivrant la quantité exacte d’antibiotiques, le pharmacien pourra ouvrir une boîte d’antibiotiques et donner au patient uniquement la quantité prescrite. Les éventuels antibiotiques restant dans la boîte seront conservés à la pharmacie pour être dispensés à un autre patient. La traçabilité du médicament demeure garantie. Cette mesure présente aussi l’avantage de limiter la quantité d’antibiotiques « restants » chez les patients et, ce faisant, l’automédication, et de lutter contre le gaspillage et la pollution de l’environnement. Ces facteurs font en effet en sorte que les bactéries deviennent de plus en plus résistantes, entraînant des maladies de longue durée, une augmentation des hospitalisations et des décès.

Vous pouvez également apporter votre pierre à l’édifice en ramenant les antibiotiques (ou autres médicaments) périmés ou non utilisés à votre pharmacien. Lisez nos conseils.

Améliorer l’accès aux antibiotiques

L’AFMPS entend aussi améliorer l’accessibilité des médicaments antimicrobiens et contribuer de la sorte à un usage plus efficace dans le secteur de la santé en Belgique. L’AFMPS a établi une liste de médicaments antimicrobiens essentiels, basée sur les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé, mais adaptée à la situation belge. Cette liste sert de référence pour déterminer le statut actuel de ces médicaments essentiels sur le marché belge. Partant de cette analyse, une collaboration étroite sera mise en place avec les titulaires d’autorisation afin de garantir une disponibilité maximale de ces médicaments essentiels et de mettre à la disposition des patients belges les médicaments susceptibles de manquer.

Dans le même temps, le groupe de travail Indisponibilités de l’AFMPS se penche sur la problématique de l’indisponibilité des antibiotiques et autres antimicrobiens. Ce groupe de travail veut comprendre les causes des problèmes d’indisponibilité et examine des pistes de solutions.

Des mesures sont également prises en médecine vétérinaire

La vente et l’usage d’antibiotiques chez les animaux en Belgique ont connu une baisse record en 2022 : un quart de moins pour la vente totale, et un tiers de moins pour les animaux traités aux antibiotiques. Ces résultats se traduisent par une réduction cumulative de -58,2 % par rapport à 2011 (année de référence). Le principal enjeu à l’heure actuelle consiste à fortement diminuer le nombre d’utilisateurs en zone d’alarme dans tous les secteurs, avec une attention particulière pour les antibiotiques d’importance critique. Ces antibiotiques sont d’une importance critique en médecine et sont considérés comme « l’ultime salut ». L’accent doit encore être mis davantage sur la prévention : biosécurité, vaccination, qualité de l’alimentation et de l’eau potable, et alternatives aux antibiotiques comme la vaccination. 

La résistance antimicrobienne en hausse chez les animaux a pour effet que les antibiotiques habituels n’agissent plus et que l’animal devra être traité durant une période bien plus longue avec des antibiotiques (plus chers), avec le risque de mourir car le traitement n’agit pas. Le détenteur de l’animal risque lui aussi d’être contaminé par des bactéries résistantes. C’est pourquoi les vétérinaires seront tenus, à partir du 1e septembre 2024, de réaliser un « test de sensibilité aux antibiotiques » ou « antibiogramme » sur chaque animal avant d’administrer un antibiotique critique. Ce test devra démontrer quel antibiotique est le plus approprié pour le traitement. Le choix devra se porter, dans la mesure du possible, sur un antibiotique non critique.

Ainsi, l’animal sera traité au moyen d’antibiotiques qui conviennent le mieux pour combattre la maladie et on évite que les bactéries ne deviennent résistantes à des antibiotiques d’importance critique pour l’homme et l’animal. Cette mesure est déjà d’application aux animaux producteurs de denrées alimentaires et sera étendue à toutes les espèces animales à partir du 1e septembre 2024.

Attention aux antibiotiques illégaux : ne jouez pas avec votre santé

Depuis le début de la crise de la COVID-19, des antibiotiques se vendent plus souvent sur le marché illégal, principalement sur des sites web illégaux étrangers. Par exemple, des antibiotiques sont importés en provenance de pays hors Union européenne (notamment d’Inde et de Chine) sans avoir fait l’objet de contrôles. Cette tendance s’est poursuivie après la pandémie. L’action de ces antibiotiques n’est pas fiable parce qu’aucune garantie ne peut être donnée en termes de qualité, de fiabilité ou d’efficacité. En l’absence de contrôle, il n’y a aucune certitude en ce qui concerne la composition, le dosage, la désagrégation et la présence de contaminants comme les solvants, les champignons et les produits de décomposition. Les médicaments illégaux constituent donc un danger majeur et peuvent engendrer des risques graves pour la santé. Lors des contrôles liés aux antibiotiques, l’Unité spéciale d’enquête applique toujours une tolérance zéro. En effet, la résistance aux antibiotiques est un problème grave et aigu qui a des répercussions majeures sur la santé publique.

La résistance aux antibiotiques n’a pas de frontières et est un problème de portée internationale. En travaillant en étroite collaboration avec des instances nationales et internationales, l’AFMPS ne cesse de chercher des solutions structurelles et continue à s’engager dans la lutte contre la résistance aux antibiotiques.

 
Dernière mise à jour le 24/11/2023