Les autorisations de mise sur le marché (AMM) devraient être peaufinées de manière à optimiser la balance bénéfices-risques
Le Comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC : Pharmacovigilance Risk Assessment Committee) de l’Agence Européenne des Médicaments (EMA : European Medicines Agence) recommande de modifier les autorisations de mise sur le marché des médicaments contenant de l’acipimox, afin de garantir qu'ils ne soient utilisés dans l'Union européenne (UE) que comme traitement d’appoint ou comme traitement alternatif dans les hyperlipoprotéinémies de type IIb et de type IV. Ces affections impliquent une hypertriglycéridémie (taux élevé de triglycérides – qui sont une sorte de graisse – dans le sang), avec ou sans augmentation de cholestérol. Les médicaments contenant de l’acipimox ne peuvent être utilisésque lorsque un changement de mode de vie, y compris un régime alimentaire et del'exercicephysique, ainsi qu’untraitementpard'autres médicaments ne sont pas suffisants. Les données disponibles ne soutiennent pas une utilisation plus large dans les troubles lipidiques (taux anormaux de lipides dans le sang).
La raison initiale ayant déclenché la réévaluation de l’acipimox était la « HPS2-THRIVE », une large étude portant sur l'effet à long terme de l’association de l'acide nicotinique (une substance apparentée à l’acipimox) avec un autre médicament, le laropiprant, dans le traitement des troubles lipidiques. L'étude avait montré que cette association administrée en même temps que des statines (une autre classe de médicaments utilisés pour traiter les troubles lipidiques) n'apportait pas de bénéfice supplémentaire dans la réduction du risque d'événements vasculaires majeurs tels qu’une crise cardiaque et un accident vasculaire cérébral, mais qu’elle aboutissait à une fréquence plus élevée d’effets indésirables non fatals mais graves. En conséquence, l'EMA avait recommandé la suspension des médicaments contenant l’association acide nicotinique – laropiprant dans toute l'UE. [1] L’acipimox étant le seul autre médicament contenant de l'acide nicotinique ou une substance apparentée actuellement commercialisé dans l'UE pour le traitement des troubles lipidiques, sa balance bénéfices-risques a été réévaluée à la lumière des dernières données.
Le PRAC a pris en considération les données disponibles de l'étudeHPS2-THRIVE, les données d’études avec l’acipimox et les données de la littérature, ainsi que les notifications spontanées d'effets indésirables et l’avis d'un groupe d'experts spécialisés dans le traitement des troubles lipidiques.
Les résultats de l'étude HPS2-THRIVE ne pouvaient pas être directement extrapolés à l’acipimox, puisque l'étude comprenait l’association avec un autre médicament, le laropiprant, dont les effets n'avaient pas été établis. Des différences possibles avaient également été identifiés entre l'acide nicotinique et l’acipimox. Toutefois, les conclusions de l'étude HPS2-THRIVE pouvaient être utilisées pour renforcer les mises en garde existantes dans le Résumé des Caractéristiques (RCP) et dans la notice de l’acipimox concernant l'utilisation des statines.
Globalement, les données disponibles sur l’acipimox sont limitées, par comparaison à d'autres traitements actuellement disponibles pour les troubles lipidiques, et la preuve d’efficacité est basée sur les changements des taux de lipides sanguins, en particulier de triglycérides, plutôt que sur la réduction du risque de troubles cardiovasculaires (au niveau du cœur et de la circulation). Cependant, ses effets indésirables sont bien connus étant donné qu’il est utilisé depuis de nombreuses années.
Le PRAC a conclu que l’acipimox continue à jouer un rôle en tant que traitementd’appoint ou traitement alternatifpour réduire les triglycérides dans les formes d’hyperlipoprotéinémie qui impliquent des taux élevés de triglycérides (avec ou sans augmentation de cholestérol), chez les patients chez qui un changement de mode de vie et l'utilisation d'autres médicaments tels que les fibrates et les statines ne sont pas suffisants. Le PRAC a donc conclu que les autorisations de mise sur le marché des médicaments contenant l’acipimox doivent être modifiées en conséquence dans toute l'UE, et il a également recommandé d’étendre les mises en garde dans le RCP et dans la notice au sujet d’une éventuelle augmentation du risque de lésions musculaires douloureuses lorsque l’acipimox est utilisé en association avec une statine.
La recommandation du PRAC sera transmise au Groupe de coordination pour les procédures de reconnaissance mutuelle et décentralisée pour les médicaments à usage humain (CMDh :Co-ordination Group for Mutual Recognition and Decentralised Procedures – Human), lequel se réunira du 16-18 décembre 2013. [2]
Plus d'informations sur le médicament
L’acipimox est une substance étroitement apparentée à l'acide nicotinique. Il est disponible depuis 1984 sous le nom d’Olbetam et sous d’autres noms commerciaux pour le traitement des troubles lipidiques. Dans l'UE, les médicaments contenant de l’acipimox sont actuellement commercialisés en Autriche, en Belgique, au Danemark, en Hongrie, en Italie, au Luxembourg, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.
En Belgique l’acipimox est autorisé et commercialisé sous le nom d’OLBETAM.
Les médicaments contenant de l'acide nicotinique ou des substances apparentées sont autorisés dans l'UEvia des procédures nationales depuis le milieu des années 1950. L'acide nicotinique est une substance naturelle utilisée à faibles doses comme vitamine (connue sous le nom de niacine ou vitamine B3). À des doses plus élevées, il réduit les taux de graisses dans le sang. L'acide nicotinique a également été autorisé en association avec le laropiprant. Ce dernier n'a pas d'effet sur le taux de cholestérol, mais il réduit le flushing (ou bouffées vasomotrices), qui est un effet indésirable connu de l'acide nicotinique.
Plus d'informations sur la procédure
La réévaluation de l'acide nicotinique et de ses substances apparentées – l'acipimox et le nicotinate de xantinol – a été initiée le 27 février 2013, à la demande de l’Autorité danoise de la santé et des médicaments, en vertu de l'article 31 de la directive 2001/83/CE. En juillet 2013, il a été établi que l'acide nicotinique et la substance apparentée nicotinate de xantinol n’étaient pas commercialisés dans l'UE pour traiter les troubles lipidiques (le nicotinate de xantinol est autorisé dans certains pays de l'UE en usage oral comme vasodilatateur, c’est-à-dire un médicament qui dilate les vaisseaux sanguins, pour traiter des problèmes de circulation sanguine). Ainsi, la réévaluation a été limitée uniquement à l'acipimox.
La réévaluation a été menée par le Comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC : Pharmacovigilance Risk Assessment Committee). Comme cette réévaluation ne couvre que les médicaments autorisés par des procédures nationales, la recommandation du PRAC sera transmise auGroupe de coordination pour les procédures de reconnaissance mutuelle et décentralisée pour les médicaments à usage humain (CMDh :Co-ordination Group for Mutual Recognition and Decentralised Procedures – Human), qui adoptera une position définitive. LeCMDh est un organe réglementaire des médicaments au sein duquel sont représentées les autorités nationales compétentes des états membres. Ilest chargé de garantir des normes de sécurité harmonisées pour les médicaments autorisés au sein de l’Union européenne via des procédures nationales.
Si la position du CMDh est adoptée par consensus, l'accord sera directement implémenté par les États Membres dans lesquels les médicaments sont autorisés. Si la position du CMDh devait être adoptée par vote majoritaire, elle sera alors transmise à la Commission européenne, pour l'adoption d'une décision légalement contraignante dans l’ensemble de l’Union européenne.
Contact :vig@afmps-fagg.be
[1] Plus d’informations sont disponibles sur le site internet de l’EMA:ema.europa.eu/Find medicine/Human medicines/Referrals/Tredaptive, Pelzont and Trevaclyn.
[2] Les compagnies pharmaceutiques qui commercialisent l'acipimox ont le droit de demander un réexamen de la recommandation du PRAC dans les 15 jours suivant sa réception, ce qui retarderait la date attendue pour la finalisation de la réévaluation.