L’AFMPS a interrogé plus de 12 000 étudiants universitaires francophones sur l’utilisation de médicaments stimulants. Il en ressort que 5 % de ces étudiants utilisent des médicaments stimulants dans l’espoir d’améliorer leurs performances d’étude sans qu’il s’agisse d’une utilisation médicale.
Que sont les médicaments stimulants ?
Les médicaments stimulants contenant du méthylphénidate, du modafinil, de l’atomoxétine ou du pitolisant (liste des médicaments commercialisés en Belgique sur banquededonneesmedicaments.afmps-fagg.be) ont été autorisés pour le traitement du trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et/ou la narcolepsie. Il s’agit de médicaments qui peuvent uniquement être délivrés sur prescription médicale. Un usage abusif peut conduire à de nombreux problèmes de santé, tels que des problèmes cardiaques, de l’hypertension, des insomnies, de la dépression, des crises de panique et de l’accoutumance.
Enquête
Certains étudiants utilisent des médicaments stimulants dans l’espoir d’améliorer leurs performances d’étude. En Flandre, des enquêtes sont régulièrement organisées pour évaluer la consommation de drogues et l’utilisation de médicaments stimulants chez les étudiants. Du côté des universités francophones belges, ces données n’étaient pas encore disponibles. C’est pourquoi, dans le cadre de ses activités de pharmacovigilance, la division Vigilance de l’AFMPS a effectué une enquête auprès de ces étudiants.
L’enquête a eu lieu entre octobre et novembre 2018 dans les six universités francophones du pays. Les étudiants de plus de 18 ans ont été invités à participer par courriel sur base volontaire et anonyme. Au total, 12 144 étudiants ont répondu à l’enquête (soit un taux de réponse de 14 %). L’âge moyen des répondants est de 22 ans et 65 % sont de sexe féminin. Les étudiants en médecine ou en sciences de la santé représentent environ un quart des répondants.
Résultats
1 étudiant sur 20 (5 %) utilise des stimulants pour des raisons non médicales
En tout, 8 % des étudiants ont indiqué avoir déjà pris des médicaments stimulants, dans le cadre ou non d’un traitement médical. La majorité d’entre eux a indiqué avoir pris ces médicaments durant l’année précédente. Le méthylphénidate était le médicament le plus utilisé. L’utilisation chez les hommes était deux fois plus élevée (10 %) que chez les femmes (5 %).
Deux utilisateurs de médicaments stimulants sur trois en prennent sans qu’il soit question d’un traitement médical. Parmi ces utilisateurs non médicaux, plus de 80 % n’ont commencé cette utilisation de médicaments stimulants qu’après l’âge de 18 ans.
Les médicaments stimulants obtenus sans avis médical sont utilisés afin d’améliorer les performances d’étude
Les principales motivations évoquées par les étudiants pour expliquer l’utilisation de ces médicaments sont : une meilleure concentration, pouvoir étudier plus longtemps et améliorer les performances d’étude. L’utilisation comme drogue festive ou produit amaigrissant est plutôt limitée.
L’utilisation de médicaments stimulants est plus fréquente pendant la période de révisions et d’examens. Alors que la majorité des utilisateurs pour des raisons médicales prend régulièrement les médicaments (au moins une prise hebdomadaire), l’utilisation chez les consommateurs non médicaux est plus sporadique.
Plusieurs effets indésirables observés
Aussi bien chez les utilisateurs médicaux que non médicaux de stimulants, les effets indésirables rapportés étaient principalement des troubles du sommeil, des palpitations et une instabilité émotionnelle. De manière générale, les médicaments stimulants sont fréquemment associés aux maux de tête, à la nervosité, l’agitation, une perte d’appétit, des nausées et des douleurs abdominales. L’intensité de ces effets indésirables est généralement proportionnelle à la dose utilisée.
Les médicaments stimulants à usage non médical sont surtout obtenus via des amis ou des connaissances
Les amis ou connaissances au sein et en dehors de la communauté étudiante étaient la principale source d’approvisionnement de stimulants à usage non médical. Cela semble indiquer que certains patients qui sont traités médicalement partageraient leurs médicaments avec des amis. Par ailleurs, 9 % des utilisateurs non médicaux ont obtenu des médicaments via le circuit illégal sur internet.
Chiffres conformes aux autres études
Une étude globale européenne de 2015 montre une utilisation non médicale de médicaments stimulants chez 1 % à 16 % des étudiants. Les étudiants d’universités et hautes écoles flamandes rapportent une utilisation non médicale de 9 % en 2017. Toutefois, la conception et la conduite de ces enquêtes étaient différentes et, par conséquent, les résultats de la nouvelle enquête ne peuvent être comparés directement. Une enquête des Mutualités socialistes en 2018 a montré que les jeunes Flamands utilisent davantage de stimulants que les jeunes Wallons ou Bruxellois.
Conclusions
Cette enquête confirme qu’une minorité d’étudiants utilise des médicaments stimulants de manière incorrecte pour améliorer les performances d’étude. Les étudiants doivent être conscients du fait qu’aucun médicament n’est sûr et efficace pour améliorer les performances intellectuelles. De nombreux risques sont liés à l’abus de ces médicaments. L’abus de ceux-ci peut conduire à des problèmes de santé tels que des problèmes cardiaques, de l’hypertension artérielle, des insomnies, de la dépression, des crises de panique et une accoutumance. Les médicaments qui sont obtenus en dehors du circuit légal, par exemple sur un site web illégal, ne contiennent en outre pas toujours la bonne substance active, le dosage correct ou les bons excipients et pourraient donc être nocifs.
Les médicaments stimulants prescrits pour le traitement du TDAH sont en premier lieu destinés aux enfants et aux adolescents, des données à long terme sur leur utilisation par des adultes sont rares. De plus, même dans ce cadre thérapeutique, la nécessité de poursuivre un traitement au moyen de médicaments stimulants est régulièrement réévaluée par le médecin. Un arrêt annuel de la médication est d’ailleurs recommandé, au cours duquel les symptômes et le fonctionnement du patient sont réévalués par son médecin. Il ne faut donc, en aucun cas, prendre de médicaments stimulants sans suivi médical.
L’AFMPS remercie les étudiants qui ont participé à l’enquête, ainsi que les universités et les différents partenaires qui ont contribué à la conduite de cette enquête.
Informations supplémentaires
Notification d’un usage abusif ou incorrect d’un médicament
Matériel éducatif pour le méthylphénidate
Étude de la campagne et médication en Flandre
Trajet de soins TDA/H
Informations TDAH
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