Recommandations du PRAC de mars 2017 concernant quatre agents de contraste linéaires à base de gadolinium, démarrage d’une nouvelle procédure d’arbitrage concernant le valproate et réévaluation du docétaxel.

Date: 25/03/2017

 

Lors de sa réunion de mars 2017, le Comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC : Pharmacovigilance Risk Assessment Committee) de l’Agence européenne des médicaments (EMA : European Medicines Agency) a clôturé une procédure d’arbitrage (referral) et recommandé de suspendre quatre agents de contraste linéaires à base de gadolinium.

Par ailleurs, le PRAC a démarré une nouvelle procédure d’arbitrage concernant l’utilisation du valproate pendant la grossesse et chez les femmes en âge de procréer.

En outre, l’EMA réévalue actuellement le médicament anticancéreux docétaxel, dans le cadre d’un signal de sécurité.

 

Agents de contraste à base de gadolinium

Le PRAC recommande la suspension des autorisations de mise sur le marché (AMM) de quatre agents de contraste linéaires à base de gadolinium, ce, en raison de l’accumulation de petites quantités de gadolinium dans le cerveau.

Les agents concernés sont l’acide gadobénique, le gadodiamide, l’acide gadopentétique et le gadoversétamide en injections intraveineuses. Ils sont administrés aux patients pour améliorer les images obtenues par imagerie par résonance magnétique (IRM).

La réévaluation par le PRAC des agents de contraste à base de gadolinium a mis en évidence des éléments de preuve convaincants de l’accumulation de gadolinium dans le cerveau.

Bien qu’aucun symptôme ni maladie liés à la présence de gadolinium dans le cerveau n'aient été signalés, le PRAC a pris une mesure de précaution, sachant que les données sur les effets à long terme sur le cerveau sont limitées. L’accumulation de gadolinium dans d’autres organes et tissus a été associée à des effets indésirables rares consistant en des plaques cutanées et une fibrose systémique néphrogénique, une affection cicatricielle chez les patients atteints d'insuffisance rénale. En outre, des études non cliniques en laboratoire ont montré que le gadolinium peut être nocif pour les tissus.

Les quatre agents concernés par la recommandation de suspension sont des agents linéaires. Les agents linéaires ont une structure plus susceptible de libérer du gadolinium, lequel peut alors s’accumuler dans les tissus du corps.

D’autres agents, dits macrocycliques (gadobutrol, gadotéridol, acide gadotérique), sont plus stables et ont une propension beaucoup plus faible à libérer du gadolinium.

Le PRAC recommande d’utiliser les agents macrocycliques à la dose la plus faible permettant d’améliorer suffisamment les images de diagnostic, et ce, uniquement lorsque les imageries corporelles sans agent de contraste ne conviennent pas.

Certains agents linéaires resteront disponibles : l’acide gadoxétique, un agent linéaire utilisé à faible dose pour les examens du foie, peut rester sur le marché car il répond à un besoin diagnostique important chez des patients ayant peu d’alternatives.

En outre, une formulation d’acide gadopentétique injectée directement dans les articulations reste disponible, car sa concentration en gadolinium est très faible – environ 200 fois inférieure à celle des produits intraveineux. Ces deux agents doivent être utilisés à la dose la plus faible qui améliore suffisamment les images de diagnostic, et ce, seulement si les imageries sans agent de contraste ne conviennent pas.

Pour les AMM concernées par la recommandation de suspension, celle-ci peut être levée si les titulaires d’autorisation fournissent de nouveaux éléments de preuve qui démontrent que les bénéfices l’emportent sur les risques pour un groupe identifié de patients, ou qui démontrent que l’agent concerné (modifié ou non) ne libère pas de quantité significative de gadolinium (dechelation) ou ne se fixe pas dans les tissus.

Les titulaires d’autorisation concernés par cette réévaluation ont le droit de demander au PRAC de réexaminer ces recommandations.

Les recommandations du PRAC seront transmises au Comité pour les médicaments à usage humain (CHMP : Committee for Medicinal Products for Human Use) de l’EMA en vue de l’adoption d’une opinion définitive.

En Belgique, les agents de contraste à base de gadolinium sont commercialisés sous les noms suivants : ARTIREM (acide gadotérique), DOTAREM (gadotérate de méglumine), GADOVIST (gadobutrol), MAGNEVIST (gadopentétate de diméglumine), MULTIHANCE (gadobénate de diméglumine), OMNISCAN (gadodiamide), PRIMOVIST (gadodexate disodique), PROHANCE (gadotéridol).

Plus d’informations sont disponibles sur le site internet de l’EMA.

 

Nouvelle réévaluation de l’utilisation du valproate pendant la grossesse et chez les femmes en âge de procréer

L’EMA a démarré une nouvelle réévaluation de l’utilisation des médicaments contenant du valproate chez les femmes et les filles enceintes ou  n âge de procréer. Ces médicaments sont autorisés dans les pays de l’Union européenne pour traiter l’épilepsie, les troubles bipolaires et la migraine dans certains pays.

En 2014[1], une réévaluation de l’EMA avait abouti à des mesures visant à renforcer les mises en garde et les restrictions d’utilisation des médicaments contenant du valproate chez les femmes et les filles, en raison du risque de malformations et de problèmes de développement chez les bébés exposés au valproate in utero. Bien qu’il n'y ait parfois pas d’alternative à l’utilisation du valproate, ces mesures visaient à garantir que les patientes soient bien conscientes des risques, et qu’elles ne prennent le valproate qu’en cas de nécessité absolue.

La réévaluation de 2014 avait également recommandé la conduite d'études au niveau européen, afin d’évaluer l’efficacité des mesures proposées.

Depuis lors, des évaluations supplémentaires de l’impact de ces mesures ont été effectuées à l’échelon national dans certains États membres de l’Union européenne et des préoccupations ont été soulevées quant à l’efficacité des mesures visant à accroître la prise de conscience et à réduire adéquatement l’utilisation de valproate dans ses diverses indications.

L’Agence française du médicament (ANSM : Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) a donc demandé à l’EMA de réévaluer l’efficacité desdites mesures, et d’examiner si d’autres actions doivent être recommandées à l’échelle européenne pour minimiser les risques chez les femmes enceintes ou en âge de procréer.

Le PRAC va réévaluer les éléments de preuve disponibles et consultera les groupes d’intervenants concernés.

En attendant l’issue de la réévaluation, il est recommandé aux patientes sous prescription de valproate qui ont des inquiétudes quant à leur traitement, d’en discuter avec leur médecin ou pharmacien.

En Belgique, les médicaments contenant du valproate sont commercialisés sous les noms suivants : Convulex, Dépakine, Valproate EG, Valproate Mylan, Valproate Sandoz.

Plus d’informations sont disponibles sur le site internet de l’EMA.

 

Réévaluation par l’EMA du médicament anticancéreux docétaxel, dans le cadre d’un signal de sécurité

L’EMA réexamine actuellement le médicament anticancéreux docétaxel, suite à des cas d’entérocolite neutropénique survenus en France, chez des patientes dont la plupart étaient traitées pour un cancer du sein opérable.

L’entérocolite neutropénique est une affection inflammatoire grave de l’intestin associée à une neutropénie (faible taux de neutrophiles, un type de globules blancs qui combattent les infections). Il s’agit d’un effet indésirable connu et rare du docétaxel (qui peut affecter jusqu’à une personne sur 10 000).

Une réévaluation provisoire effectuée par le PRAC indique que la fréquence de cet effet indésirable n’a pas augmenté au cours des deux dernières années. Une évaluation approfondie des données disponibles est en cours et les conclusions finales seront publiées dès que la réévaluation sera terminée.

En attendant l’issue de la réévaluation, il est recommandé aux médecins de continuer à prescrire le docétaxel conformément aux recommandations contenues dans le RCP (résumé des caractéristiques du produit) actuel, y compris les recommandations détaillées sur la prévention et la prise en charge de la neutropénie.

Il est recommandé aux patients qui ont des questions sur leur traitement d’en parler à leur médecin.

En Belgique, les médicaments contenant du docetaxel sont commercialisés sous les noms suivants : Docetaxel AB, Docetaxel Accord, Docetaxel EG et Taxotere.

Plus d’informations sont disponibles sur le site internet de l’EMA.

 

 

Dernière mise à jour le 25/03/2017