Au cours de sa réunion de septembre 2024, le Pharmacovigilance Risk Assessment Committee (PRAC) de l'Agence européenne des médicaments (European Medicines Agency (EMA)) a recommandé des mesures pour minimiser les conséquences graves des effets indésirables connus de l'analgésique métamizole et formulé de nouvelles recommandations pour minimiser le risque de méningiome lié aux médicaments contenant de l'acétate de médroxyprogestérone.
En outre, le PRAC a également formulé de nouvelles informations de sécurité destinées aux professionnels de la santé (DHPC) pour le métamizole, la médroxyprogestérone et le 5-fluorouracile.
Métamizole
Les informations sur le produit seront mises à jour pour sensibiliser au risque connu d'agranulocytose et faciliter sa détection et son diagnostic précoces.
Le PRAC recommande des mesures visant à minimiser les conséquences graves de l'agranulocytose, un effet indésirable connu de l'analgésique métamizole. L'agranulocytose se traduit par une baisse soudaine et importante des granulocytes, un type de globules blancs, qui peut entraîner des infections graves, voire mortelles.
Les médicaments contenant du métamizole sont autorisés dans plusieurs pays de l'UE pour traiter les douleurs modérées à sévères et la fièvre. Les utilisations autorisées varient d'un pays à l'autre, allant du traitement de la douleur liée à une intervention chirurgicale ou à des blessures au traitement de la douleur et de la fièvre liées au cancer.
L'agranulocytose est un effet indésirable connu des médicaments contenant du métamizole qui peut survenir à tout moment pendant le traitement ou peu de temps après l'arrêt du médicament et chez des personnes qui ont déjà pris du métamizole sans problème. Cet effet indésirable grave n'est pas lié à la dose de métamizole utilisée.
Après avoir examiné les données relatives au risque d'agranulocytose pour le métamizole, le PRAC a conclu que les mises en garde reprises actuellement dans les informations sur le produit devaient être mises à jour. Ces modifications visent à sensibiliser les patients et les professionnels de la santé à cet effet indésirable grave et à faciliter sa détection et son diagnostic précoces.
De plus amples informations sont disponibles dans la section « Nouvelles informations de sécurité destinées aux professionnels de la santé » ci-dessous.
En Belgique, le seul médicament contenant du métamizole autorisé est commercialisé sous le nom de Novalgine.
Acétate de médroxyprogestérone
Risque accru de méningiome chez les personnes qui prennent des doses élevées d'acétate de médroxyprogestérone pendant plusieurs années.
Le PRAC recommande des mesures pour minimiser le risque de méningiome, un type de tumeur cérébrale, lié aux médicaments contenant de l'acétate de médroxyprogestérone.
Ces médicaments sont utilisés dans des indications gynécologiques (y compris la contraception et l'endométriose) et oncologiques.
Les méningiomes sont des tumeurs qui se développent au niveau des membranes qui entourent le cerveau et la moelle épinière. Elles sont généralement bénignes (non cancéreuses) et se développent lentement, mais en fonction de leur taille ou de leur localisation, elles peuvent provoquer de graves problèmes.
Les recommandations du PRAC font suite à une analyse des données provenant d'études épidémiologiques, d'études de cas tirées de la littérature médicale et de cas rapportés dans la base de données de pharmacovigilance de l'Union européenne. Ces données montrent un risque accru de méningiome chez les personnes qui prennent des doses élevées d'acétate de médroxyprogestérone (en injection et sous la forme de comprimés ≥100 mg) pendant plusieurs années. Bien que l'utilisation de l'acétate de médroxyprogestérone à dose élevée augmente significativement le risque relatif de méningiome, le risque absolu est très faible.
Le PRAC recommande de ne pas utiliser de médicaments contenant de l'acétate de médroxyprogestérone à dose élevée chez les patients qui présentent ou ont présenté un méningiome, à moins que l'acétate de médroxyprogestérone ne soit nécessaire pour le traitement d'une indication oncologique.
Le PRAC recommande également que les patientes qui prennent des doses élevées de médroxyprogestérone soient surveillées pour détecter les symptômes du méningiome, qui peuvent inclure une modification de la vision, une perte d'audition ou des bourdonnements d'oreilles, une perte d'odorat, des maux de tête, des pertes de mémoire, des crises d'épilepsie et une faiblesse dans les bras et les jambes. Si un méningiome est diagnostiqué chez un patient traité pour une indication non oncologique, le traitement par acétate de médroxyprogestérone à dose élevée doit être arrêté. Si un méningiome est diagnostiqué chez un patient traité pour une indication oncologique, la nécessité de poursuivre le traitement par la médroxyprogestérone à dose élevée doit être soigneusement examinée, au cas par cas, en tenant compte des bénéfices et des risques individuels.
Les informations sur le produit des médicaments contenant de l'acétate de médroxyprogestérone à dose élevée seront mises à jour pour inclure le méningiome comme effet indésirable possible de fréquence inconnue.
De plus amples informations sont disponibles dans la section « Nouvelles informations de sécurité destinées aux professionnels de la santé » ci-dessous.
En Belgique, les médicaments autorisés contenant de l'acétate de médroxyprogestérone sont autorisés et commercialisés sous les noms suivants :
- Sayana
- Depo-Provera
- Provera
Nouvelles informations de sécurité pour les professionnels de santé
Métamizole : mesures pour minimiser les effets graves du risque connu d'agranulocytose
Une direct healthcare professional communication (DHPC) comprenant les recommandations ci-dessous sera envoyée en temps utile aux professionnels de santé prescrivant, dispensant ou administrant le médicament.
Ce DHPC informera les professionnels de la santé sur les mesures importantes à prendre pour minimiser les conséquences graves du risque connu d'agranulocytose idiosyncrasique, qui peut être fatale, lié aux médicaments contenant du métamizole. Les informations sur le produit des différents médicaments contenant du métamizole mentionnent l'agranulocytose comme un effet indésirable rare ou très rare et, dans certains cas, comme un effet indésirable dont la fréquence n'est pas connue. Cependant, cette affection peut survenir à tout moment pendant le traitement et même peu de temps après l'arrêt du traitement.
Le métamizole est contre-indiqué chez les patients qui ont eu une agranulocytose induite par le métamizole ou une agranulocytose causée par des médicaments similaires connus sous le nom de pyrazolones ou de pyrazolidines, une altération de la fonction médullaire ou des maladies du système hématopoïétique.
Les patients traités avec des médicaments contenant du métamizole doivent être informés des premiers symptômes de l'agranulocytose, notamment la fièvre, les frissons, les maux de gorge et les modifications douloureuses des muqueuses, en particulier dans la bouche, le nez et la gorge ou dans la région génitale ou anale. Les patients doivent également rester attentifs à ces symptômes tout au long du traitement et peu après l'arrêt du traitement, car l'agranulocytose peut se manifester tardivement. S'ils présentent ces symptômes, ils doivent interrompre le traitement et consulter immédiatement un médecin.
Chez les patients sous antibiothérapie concomitante, l'agranulocytose peut être asymptomatique.
En cas de suspicion d'agranulocytose, une numération sanguine (y compris une numération différentielle) doit être effectuée immédiatement et le traitement doit être interrompu jusqu'aux résultats des tests. Si l'agranulocytose est confirmée, le traitement ne doit pas être réinstauré.
Médroxyprogestérone : risque accru de méningiome en cas de doses élevées et d'utilisation prolongée
Le PRAC a approuvé une direct healthcare professional communication (DHPC) pour informer les professionnels de la santé du risque accru de développer un méningiome en cas de doses élevées d'acétate de médroxyprogestérone (toutes les formulations injectables et les formulations orales ≥100 mg), principalement après une utilisation prolongée (plusieurs années). La DHPC soulignera que les médicaments fortement dosés en acétate de médroxyprogestérone, lorsqu'ils sont utilisés pour la contraception ou pour des indications non oncologiques, sont contre-indiqués chez les patients qui ont un méningiome ou des antécédents de méningiome. Si un méningiome est diagnostiqué chez un patient traité avec des doses élevées d'acétate de médroxyprogestérone, le traitement doit être arrêté.
Si un méningiome est diagnostiqué chez un patient oncologique traité avec des doses élevées d'acétate de médroxyprogestérone, la nécessité de poursuivre le traitement doit être soigneusement examinée, au cas par cas, en tenant compte des bénéfices et des risques individuels.
Les patients traités avec des doses élevées d'acétate de médroxyprogestérone doivent faire l'objet d'une surveillance des signes et symptômes de méningiome conformément à la pratique clinique.
Médicaments destinés à une chimiothérapie contenant du 5-fluorouracile : chez les patients présentant une insuffisance rénale modérée ou sévère, le phénotypage du déficit en dihydropyrimidine déshydrogénase (DPD) par la mesure des taux d'uracile dans le sang doit être interprété avec prudence.
Les médicaments destinés à une chimiothérapie contenant du 5-fluorouracile (5-FU) font partie du traitement standard de divers cancers, notamment les cancers colorectal, pancréatique, gastrique, du sein, de la tête et du cou.
L'enzyme dihydropyrimidine déshydrogénase (DPD) est synthétisée dans le foie et aide l'organisme à décomposer la thymine et l'uracile. Lorsqu'ils sont traités avec du 5-FU ou un de ses précurseurs, les patients présentant une altération de la fonction de l'enzyme DPD sont exposés à un risque accru de toxicité grave ou potentiellement mortelle.
Pour identifier ces patients, il est recommandé de procéder à un test de dépistage du déficit en DPD avant le traitement, malgré les incertitudes concernant la méthode de test optimale.
Les patients présentant un déficit complet en DPD sont exposés à un risque élevé de toxicité potentiellement mortelle et ne doivent pas être traités avec du 5-FU ou d'autres médicaments de la même classe (fluoropyrimidines).
Les patients souffrant d'un déficit partiel en DPD présentent un risque accru de toxicité grave, pouvant mettre en jeu le pronostic vital. Pour limiter le risque de toxicité grave, il convient d'envisager une réduction de la dose initiale. En l'absence de toxicité sévère, les doses suivantes peuvent être augmentées, car l'efficacité d'une dose réduite n'a pas été établie.
Le PRAC a approuvé une DHPC visant à informer les professionnels de la santé du fait que si les taux d'uracile dans le sang sont utilisés pour déterminer le phénotype DPD, le résultat du phénotype doit être interprété avec prudence chez les patients présentant une insuffisance rénale modérée ou sévère, car l'insuffisance rénale peut entraîner une augmentation des taux d'uracile dans le sang. Cela pourrait entraîner un diagnostic erroné du déficit en DPD et, par conséquent, un sous-dosage du 5-FU ou d'autres fluoropyrimidines chez ces patients.
Une fois adoptée, la DHPC relative au métamizole, à la médroxyprogestérone et au 5-fluorouracile sera communiquée aux professionnels de santé par le titulaire de l'autorisation de mise sur le marché, conformément à un plan de communication convenu, et publiée sur la page Direct healthcare professional communications et dans les registres nationaux des États membres de l'UE.
En Belgique, les médicaments suivants contenant de l'acétate de médroxyprogestérone sont autorisés et commercialisés sous les noms suivants :
- Fluorouracil Accord Healthcare
- Fluracedyl
- Efudix
De plus amples informations sont disponibles sur le site web de l’EMA.