Lors de sa réunion de juin 2024, le Comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance de l’Agence européenne des médicaments a entamé un réexamen de l’analgésique métamizole et a identifié un risque de tumeurs malignes secondaires issues des lymphocytes T avec les médicaments à cellules CAR-T.
L’analgésique métamizole
Le Comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (Pharmacovigilance Risk Assessment Committee, PRAC) de l’Agence européenne des médicaments (European Medicines Agency, EMA) a entamé une ré évaluation des médicaments contenant l’analgésique métamizole à la suite de préoccupations selon lesquelles les mesures en place pour minimiser le risque connu d’agranulocytose pourraient ne pas être suffisament efficaces.
Les médicaments contenant du métamizole sont autorisés dans plusieurs pays de l’Union Européenne pour le traitement des douleurs modérées à sévères et de la fièvre. Les indications approuvées varient d’un pays à l’autre et vont du traitement des douleurs consécutives à une chirurgie ou à des blessures au traitement des douleurs et de la fièvre liées au cancer.
L’agranulocytose est un effet indésirable connu des médicaments contenant du métamizole. Elle implique une diminution soudaine et aiguë d’un type de globules blancs appelés granulocytes neutrophiles. Cette situation peut entraîner des infections graves potentiellement fatales. Cet effet indésirable est classé comme étant rare (susceptible d’affecter une personne sur 1 000) ou très rare (susceptible d’affecter une personne sur 10 000) dans les résumés des caractéristiques du produit (RCP) et notices des différents produits autorisés. Les mesures visant à minimiser ce risque varient d’un pays à l’autre.
En Belgique, le seul médicament autorisé contenant du métamizole est commercialisé sous le nom de Novalgine.
Vous trouverez davantage d’informations le site de l’EMA.
Médicaments à cellules CAR-T
Le PRAC est arrivé à la conclusion que des tumeurs malignes secondaires issues des lymphocytes T (un nouveau cancer, différent du précédent, qui commence dans un type de globules blancs du système immunitaire appelés lymphocytes T) peuvent survenir après un traitement par des médicaments à cellules CAR-T (Chimeric Antigenic Receptor – T cells).
Le PRAC a évalué les données de 38 cas de tumeurs malignes secondaires issues des lymphocytes T, en ce compris le lymphome et la leucémie à cellules T, rapportées parmi environ 42 500 patients ayant été traités par des médicaments à cellules CAR-T. Des échantillons de tissus ont été testés dans la moitié des cas, révélant la présence de la structure CAR dans sept cas. Ceci suggère que le médicament à cellules CAR-T était impliqué dans le développement de la maladie. Les tumeurs malignes secondaires issues des lymphocytes T ont été rapportées dans un délai allant de quelques semaines à plusieurs années après l’administration de médicaments à cellules CAR-T. Les patients traités par ces médicaments nécessitent une surveillance à vie pour de nouvelles tumeurs malignes.
Les médicaments à cellules CAR-T appartiennent à un type d’immunothérapies du cancer personnalisées consistant à reprogrammer et réinjecter un certain type de globules blancs du patient (les lymphocytes T) pour attaquer le cancer.
Six produits à cellules CAR-T sont approuvés dans l’Union européenne (UE) : Abecma, Breyanzi, Carvykti, Kymriah, Tecartus et Yescarta. Ces médicaments sont utilisés pour le traitement de cancers du sang tels que la leucémie à cellules B, le lymphome à cellules B, le lymphome folliculaire, le myélome multiple et le lymphome à cellules du manteau chez des patients dont le cancer est réapparu (rechute) ou a cessé de répondre à un traitement précédent (réfractaire).
Depuis leur approbation, les résumés des caractéristiques du produit (RCP) et les notices mentionnent que les patients traités avec ces médicaments peuvent développer des tumeurs malignes secondaires. Les RCP, les notices et les plans de gestion des risques de ces médicaments seront actualisés afin d’inclure les nouvelles informations relatives aux tumeurs malignes secondaires issues des lymphocytes T.
Parmi les six médicaments anticancéreux précités appartenant à la catégorie des « thérapies à cellules CAR-T » autorisés dans l’Union européenne, ceux présents sur le marché belge sont les suivants :
- Kymriah ;
- Tecartus ;
- Yescarta.
Nouvelles informations de sécurité pour les professionnels de la santé : risque de tumeurs malignes secondaires issues des lymphocytes T
Le PRAC a également discuté d’une communication directe aux professionnels de la santé (direct healthcare professional communication, DHPC) concernant les médicaments à cellules CAR-T.
La DHPC informera les professionnels de la santé des conclusions de la réévaluation par le PRAC des tumeurs malignes secondaires issues des lymphocytes T, incluant les tumeurs malignes positives aux récepteurs antigéniques chimériques (CAR).
La DHPC rappellera aux professionnels de la santé la nécessité d’une surveillance à vie des patients pour des cas de tumeurs malignes secondaires.
La DHPC concernant les médicaments à cellules CAR-T sera transmise au Comité des médicaments à usage humain de l’EMA (EMA’s human medicines committee, CHMP). Une fois adoptée, la DHPC sera distribuée aux professionnels de la santé par les titulaires des autorisations de mise sur le marché, conformément à un plan de communication convenu, et publiée sur la page des communications directes aux professionnels de la santé et dans les registres nationaux des États membres de l’UE.
Vous trouverez de plus amples informations sur le site de l’EMA.