La vente totale d’antibiotiques chez les animaux en Belgique a fortement diminué en 2023 : 21,7 % par rapport à 2022 avec une réduction cumulative de 62,4 % par rapport à 2011 (année de référence). Dans l’ensemble, les résultats de la surveillance des résistances aux antibiotiques à partir d’animaux producteurs de denrées alimentaires sont favorables. De nouvelles initiatives sont nécessaires pour accompagner tous les acteurs concernés vers un usage réduit, prudent et rationnel des antibiotiques afin d’en garantir une utilisation durable dans le futur.
Pour garantir une utilisation durable des antibiotiques dans le futur, le centre de connaissances concernant l’usage d’antibiotiques et l’antibiorésistance chez les animaux en Belgique (Antimicrobial Consumption and Resistance in Animals, AMCRA) publie son nouveau plan « Vision 2030 », qui définit les objectifs et les actions clés pour un usage durable et rationnel des antibiotiques chez les animaux en Belgique jusqu’à 2030.
Ce nouveau plan a été établi avec une approche « One World, One Health, One Welfare », afin d’améliorer la santé humaine, des animaux et de l’environnement, avec une attention particulière réservée à la durabilité de l’élevage, maintenant et dans le futur, mais aussi d’élargir les efforts vers tous les secteurs, y compris celui des animaux de compagnie et des chevaux.
Outre cette nouvelle « Vision 2030 » de l’AMCRA, les autorités et les organisations sectorielles comptent poursuivre la collaboration dans une nouvelle Convention antibiotiques et avec un nouveau Plan d’action Nationale One-Health contre les résistances aux antimicrobiens.
Résultats obtenus en 2023
• Vente totale d’antibiotiques
Résultat par rapport à 2022 : - 21, 7 %
Résultat cumulatif par rapport à 2011= - 62,4 %
Objectif 2024 : - 65 % par rapport à 2011
• Vente d’aliments médicamenteux contenant des antibiotiques
Résultat par rapport à 2022 : - 18, 6 %
Résultat cumulatif par rapport à 2011= - 86,6 %
Objectif 2024 : - 75 % par rapport à 2011
• Vente de quinolones et céphalosporines 3e et 4e génération (antibiotiques d’importance critique)
Résultat par rapport à 2022 : - 7,9 %
Résultat cumulatif par rapport à 2011 : - 75,8 %
Objectif 2024 : au minimum - 75 % par rapport à 2011
• Vente de colistine
Résultat par rapport à 2022 : + 8,1 %
Résultat cumulatif par rapport à 2011 : - 87 %
Objectif 2024 : maximum 1 mg/kg de biomasse
Colistine et quinolones
Les résultats des indicateurs de vente sont positifs, à l’exception de la colistine, un antibiotique d’importance critique avec priorité élevée pour la santé humaine, pour laquelle la vente a augmentée en 2023. Néanmoins la vente reste largement au-dessous de la limite fixée (0,62 mg/kg contre une limite de 1 mg/kg de biomasse). Les causes de cette hausse doivent être identifiées et résolues. La colistine est un antibiotique à utiliser avec précaution et jamais en premier choix en médecine vétérinaire.
Chez les poules pondeuses, on a enregistré en 2023 une augmentation de l’utilisation de la colistine. Bien que les résultats chez les poules pondeuses soient globalement bons, l’augmentation de l’usage de la colistine nécessite une attention particulière et la tendance doit être inversée.
La vente totale de quinolones a baissée en 2023, mais chez les poulets de chair, on a mesuré une augmentation de l’usage de cette classe d’antibiotique. Des mesures de prévention et des alternatives efficaces doivent être mises en place de manière systématique pour la prévention et le contrôle de la colibacillose et de l’enterococcose, infections fréquentes chez les poulets de chair qui sont à la base de l’usage des quinolones.
Un objectif à réaliser avant la fin 2024 est de parvenir à un maximum de 1 % d’utilisateurs en zone d’alarme (exploitations caractérisées par une utilisation structurellement élevée d’antibiotiques et définies dans l’annexe 3 de la Convention antibiotiques 2021-2024).
Contrairement aux autres catégories animales, chez les veaux de boucherie cet objectif semble irréalisable d’ici fin 2024, avec un pourcentage d’utilisateurs en zone d’alarme de 10,2 % en fin 2023. Malgré la forte réduction atteinte depuis 2018, ce secteur fait face à des difficultés spécifiques : le jeune âge des animaux, leur état de santé général et leur immunité, ainsi que le regroupement de veaux provenant de différentes exploitations. Pour réduire davantage l'utilisation d'antibiotiques chez les veaux de boucherie, il est donc essentiel de coopérer de manière intersectorielle et d'impliquer le secteur laitier.
En conclusion
Pour la plupart des objectifs fixés dans la Vision 2024 de l’AMCRA et dans la deuxième Convention antibiotiques, le bilan est positif. Les résultats obtenus en 2023 devraient inciter à poursuivre le bon travail qui nécessitera la coopération et l'engagement de toutes les parties prenantes, tous secteurs confondus.
Plus d’informations
Communiqué de l’AMCRA
Rapport BelVet-Sac 2023
Vision 2030
Activités et réalisations relatives à la réduction de l’utilisation d'antibiotiques et de l’antibiorésistance en médecine vétérinaire en Belgique