Flash VIG-news : Risque de méningiome associé aux progestatifs : état de la question et recommandations

Date: 21/03/2025

Certains progestatifs ont été associés à un risque accru de méningiome. L’AFMPS souhaite rappeler aux professionnels de la santé les mesures de minimisation du risque de méningiome associé à ces progestatifs.

Le méningiome est une tumeur intracrânienne, le plus souvent bénigne. Elle peut, en grossissant, comprimer les structures neurologiques et engendrer des symptômes tels que des maux de tête, des troubles visuels et des crises d’épilepsie, justifiant parfois une intervention chirurgicale. Plusieurs facteurs ont été impliqués dans la formation des méningiomes, dont les hormones sexuelles.

Méningiome et traitements hormonaux : que retenir des dernières études ?
Depuis 2019, des études épidémiologiques successives réalisées par EPI-PHARE ont démontré un risque de méningiome lié à divers progestatifs : cyprotérone, nomégestrol, chlormadinone, médrogestone, promégestone et médroxyprogestérone.

Ces études ont montré que le risque de méningiome lié à ces progestatifs augmentait avec la dose, la durée de traitement et l'âge de la patiente. 

Plus récemment, EPI-PHARE a publié des résultats sur le risque de méningiome chez les femmes exposées à un progestatif dans le cadre d’une contraception orale. Le risque potentiel de méningiome n’avait pas été évalué auparavant avec l’utilisation spécifique de ces contraceptifs oraux. L’étude ne montre pas de sur-risque de méningiome pour les femmes utilisant une contraception contenant du lévonorgestrel seul ou combiné à l’éthinylestradiol. 
Elle met par contre en évidence une augmentation très faible du risque pour les contraceptions à base de désogestrel 75 µg seul lors d’une utilisation prolongée chez les femmes de plus de 45 ans. 

Mesures de minimisation de risques du PRAC
Pour chaque principe actif (ou association de principes actifs), le comité européen de pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne des médicaments (EMA) évalue en continu les données disponibles, notamment les données post-marketing, y compris donc les études de cohorte rétrospectives menées par EPI-PHARE. 

À ce jour, le PRAC a pris des mesures de minimisation de risques pour les progestatifs suivants : cyprotérone, nomégestrol, chlormadinone, médroxyprogestérone et dydrogestérone (en association avec l’estradiol).

Pour minimiser le risque de méningiome, le PRAC recommande que :
•    les médicaments contenant ces progestatifs soient contre-indiqués chez les patientes présentant un méningiome ou un antécédent de méningiome
•    les patientes fassent l’objet d’une surveillance pour le suivi et la détection de méningiomes conformément à la pratique clinique ;
•    si un méningiome est diagnostiqué, le traitement soit définitivement arrêté. 
Ces recommandations varient en fonction de la dose de progestatif et de sa nature. Pour chaque spécialité, se référer au résumé des caractéristiques du produit (RCP) et à la notice, qui ont été adaptés en conséquence. 

Les RCP mentionnent notamment que de fortes doses cumulées peuvent être atteintes en cas d’utilisation prolongée (plusieurs années) ou sur une plus courte durée avec de fortes doses quotidiennes. 

Ils précisent également que le risque de méningiome peut diminuer après l’arrêt du traitement.

Pour certains médicaments, des Direct Healthcare Professional Communications (DHPC) ont aussi été envoyées. 

En résumé
Le risque confirmé de méningiome lié à certains progestatifs impose une réévaluation régulière de leur pertinence afin de limiter l'exposition. En cas de découverte d'un méningiome, l'arrêt du médicament est recommandé afin de vérifier l'hypothèse - hautement probable - d'une stabilisation ou même d'une réduction du volume tumoral après l'interruption du traitement.

Des recommandations de sociétés scientifiques belges sur la prise en charge des méningiomes et l'hormonothérapie sexuelle ont été publiées récemment.

Le risque de méningiome n'est pas encore connu avec certains progestatifs, mais il ne peut pas être exclu, y compris pour ceux utilisés à faibles doses au long cours comme contraceptif oral.
Pour la progestérone, par contre, après examen des données disponibles, y compris des études cas-témoins, aucune association causale avec le risque de méningiome n’a pu être établie à ce jour par le PRAC.

Notification d’effets indésirables
Les professionnels de la santé et les patients sont encouragés à notifier les effets indésirables suspectés sur le site www.notifieruneffetindesirable.be.

Spécialités concernées
Les spécialités suivantes sont listées dans la base de données des médicaments de l’AFMPS :
•    acétate de cyprotérone
•    acétate de nomégestrol
•    acétate de chlormadinone
•    médrogestone : non commercialisé en Belgique
•    promégestone : non commercialisé en Belgique
•    acétate de médroxyprogestérone
•    lévonorgestrel
•    désogestrel 75 µg
•    dydrogestérone + estradiol
•    progestérone.
 

Contact
ADR@afmps.be

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