À l’instar d’autres pays européens, la Belgique est confrontée à des problèmes de disponibilité critique de thrombolytiques (médicaments servant à dissoudre les caillots sanguins). L’AFMPS formule des recommandations sur l’usage rationnel de ces médicaments et la priorisation d’indications. Le stock hospitalier fait l’objet d’un suivi et un stock d’urgence sera constitué.
Trois thrombolytiques sont commercialisés en Belgique : Metalyse, Actilyse et Actosolv.
En raison d’une restriction de capacité au niveau mondial chez Boehringer Ingelheim, Metalyse est en rupture de stock et Actilyse n’est disponible qu’en quantités limitées. Les quantités d’Actilyse allouées à la Belgique ont récemment encore diminué de sorte que les stocks disponibles seront encore bien plus limités à court terme. Les livraisons allouées sont prévues pour la fin octobre (50 mg) et la mi-novembre (20 mg). Les problèmes d’approvisionnement devraient persister jusqu’en 2024.
Les autorités allemandes ayant arrêté la production chez le fabricant d’Actosolv, la disponibilité de ce médicament est limitée. La production d’Actosolv n’a pas encore repris et on ne sait pas encore quand elle reprendra. Actosolv devrait tomber en rupture de stock à partir de mi-janvier 2023.
Afin de trouver une solution à très court terme, l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) a mis sur pied une task force réunissant médecins (spécialistes), pharmaciens (hospitaliers), associations de patients et autorités compétentes. La task force Thrombolytiques recommande aux hôpitaux de n’utiliser ces médicaments qu’en cas d’extrême nécessité. En cette période d’indisponibilité critique, toute utilisation de ces médicaments doit être réfléchie et conforme aux recommandations ci-dessous. Il est expressément demandé de ne pas constituer de stocks.
Recommandations concernant Actilyse (alteplase)
L’indication la plus prioritaire est l’accident vasculaire cérébral ischémique (AVC), en veillant tout particulièrement à éviter le gaspillage (utilisation optimale des flacons de 20 et 50 mg en fonction du poids) et à éviter l’administration chez les patients présentant des stroke mimics ou des symptômes non invalidants. Le recours à l’imagerie cérébrale de pointe par voie de perfusion RM ou CT peut aider à renforcer la certitude diagnostique.
Une deuxième priorité est l’indication d’embolie pulmonaire aiguë avec instabilité hémodynamique et conditions connexes suivantes :
- arrêt cardiopulmonaire ou contexte de réanimation,
ou - tension systolique persistante <90mmHg malgré une expansion volémique adéquate,
ou - besoin persistant en vasopression pour maintenir la tension systolique > 90mmHg,
et/ou - signes de perfusion d’organe final menacée.
Recommandations concernant Actosolv (urokinase)
L’embolie pulmonaire aiguë en cas d’instabilité hémodynamique est considérée comme une indication prioritaire avec conditions connexes suivantes :
- arrêt cardiopulmonaire ou contexte de réanimation,
ou - tension systolique persistante <90mmHg malgré une expansion volémique adéquate,
ou - besoin persistant en vasopression pour maintenir la tension systolique > 90mmHg,
et/ou - signes de perfusion d’organe final menacée.
Actosolv (urokinase) peut également être utilisé dans les cas suivants :
- cathéters veineux centraux thrombosés qui ne peuvent pas être remplacés et où la veine cave supérieure est thrombosée ;
- urokinase pour thrombolyse veineuse dirigée par cathéter en cas de thrombose veineuse profonde proximale en cas de (risque de) phlébite bleue / ischémie veineuse menaçant un membre ;
- urokinase pour thrombolyse artérielle dirigée par cathéter en cas d’ischémie artérielle aiguë des artères natives ou d’un pontage artériel menaçant un membre.
Autres mesures
L’utilisation d’Actilyse fera l’objet d’un suivi étroit. Par exemple, le stock d’Actilyse dans les hôpitaux et la consommation par indication seront contrôlés sur une base hebdomadaire. L’allocation actuelle par hôpital sera revue à la baisse et un stock d’urgence sera prévu pour les hôpitaux qui sont en rupture de stock aiguë pour une des indications susmentionnées. Pour y faire appel, vous pouvez prendre contact avec la firme Boehringer Ingelheim.
Les membres de la task force recommandent aux hôpitaux de :
- centraliser le stock de thrombolytiques dans chaque hôpital ;
- surveiller la consommation et le stock de thrombolytiques dans chaque hôpital ;
- informer tous les services concernés des pénuries et des indications prioritaires ;
- élaborer, au sein de leur réseau hospitalier, des documents d’orientation pour les mesures à prendre en cas de stock (très) bas dans un des centres de plus petite taille.
La task force compte sur le sens des responsabilités de chacun pour faire face à cette situation critique. L’AFMPS continuera entre-temps à chercher des solutions durables face à la pénurie critique de thrombolytiques, en concertation avec la cellule stratégique du ministre et en collaboration avec l’Agence européenne des médicaments (EMA) et les autres instances européennes compétentes.